Arakielle revint au hall où Carduel avait abandonné le plumeau. Elle passa tout droit et se dirigea vers sa chambre où elle retira sa cape de fourrure. Elle la rangea dans sa penderie et changea ses sabots mouillés par la neige qui avait fondu. Elle les essuya un peu avec un bout de tablier et remonta au rez-de-chaussé avant de déposer Givre sur le plancher. Elle reprit son plumeau et épousseta avec entrain la poussière. Si elle aurait pu chantonner, elle l'aurait sans doute fait. Givre éternua maintes fois.
- Mais enlève-toi de sous les cadres quand je les époussette petit!
Carduel arriva près d'elle et lui tapota l'épaule.
- Jeune chipie, tu as ce que le roi voulait?
- Bien sûr, vieille branche.
Ils éclatèrent de rire. Arakielle tira le rouleau de parchemin confié par Ivellios et le tendit au valet. Elle lui sourit avant de lui tourner le dos pour continuer sa tâche. Il lui tapa encore sur l'épaule. Quand elle se retourna, elle vit le regard brillant de larmes de son grand frère de goût. Il prit ses mains dans les siennes.
- Prend garde à toi, Arakielle.
Elle caressa délicatement sa joue en acquiesçant. Le valet n'était guère rassuré sur la sécurité de sa jeune protégée, mais il ne pouvait rien faire de plus. Il parti porter le message au roi Gabriel. Kielle reprit sa tache mornement. Les éternuements du petit Givre firent apparaître un mince sourire sur ses lèvres. Elle termina sa corvée puis entendit des pas dans un couloir. Elle se tourna dans la direction du bruit. Un garde la salua en une courbette plutôt amusante.
- Et petite Kielle!
- Que puis-je pour vous?
- Le roi désir que tu aides les soldats à remettre de l'ordre dans le bastion.
- Mais cela prendra des mois!
- Tu es affecté au bastion jusqu'à nouvel ordre, c'est un ordre du roi!
Elle retourna à sa chambre, Givre trottinant derrière elle. Boudeuse, elle remit sa cape. Elle ne connaissait pas du tout cet endroit et elle risquait davantage de nuire au travail des soldats que de les aider.